Sang mêlé ou Ton fils Léopold

Grand Format - 22/03/2007 - GINKGO

3.7

(8)

Audience
Adulte - Grand Public

Le Pitch

Présentation de l'éditeur Élisabethville, Congo belge, fin des années cinquante. Léopold Kitoko Wilson, le jeune métis, adopté par Harry Wilson «un Blanc» et Marna Malkia, la nourrice, africaine au coeur d'or et «forte gueule» forment une famille improbable et singulière. Roman à trois voix, «Sang mêlé» aborde avec délicatesse et réalisme l'univers colonial tel que le vivent les trois protagonistes. Il nous parle de la quête d'identité de Léo, pris entre deux mondes. Il nous parle aussi de l'homosexualité de Harry, cause de son exclusion du cercle des colons. Il nous parle de Marna Malkia, plus tout à fait africaine, mais noire aux yeux de tous. II nous parle aussi de la décolonisation et évoque de manière saisissante l'atmosphère du Congo belge à la veille de l'indépendance. Chacune de ces voix nous parle de la difficulté à vivre sa différence. Chacune de ces voix nous livre sa vision de l'époque coloniale dans un questionnement sans outrance mais sans compromis. Albert Russo est né au Zaïre, et a passé toute sa jeunesse sur le continent africain. Les ouvrages de cet auteur bilingue - le français et l'anglais sont ses deux langues maternelles - ont été traduits dans une douzaine de langues. Il a siégé au jury du prestigieux Neustadt International Prize for literature. Extrait 1966 DANS LA BANLIEUE DE BALTIMORE Léopold K. Wilson et sa jeune femme étaient proprié­taires d'un drugstore dans le centre du quartier commer­cial. C'est à l'université qu'il rencontra Isabelle, une rousse leste et tachetée de son, de trois ans son aînée. Malgré ses brillants résultats, Léopold hésitait à entreprendre une carrière de médecin, l'idée de passer encore six ans dans des amphithéâtres et des salles d'opération le rebutait. Mais, par devoir envers son père, le jeune homme s'était promis d'accomplir un premier cycle d'études et d'obtenir sa licence. Telle était son intention, jusqu'au jour où le chemin d'Isabelle croisa le sien. Silhouette élancée, traits évoquant ceux d'un jeune pharaon, il inspirait la confiance et le respect. De ses yeux sombres en amande émanait une grande douceur qui laissait place, lorsque les circonstances le dictaient, à une fermeté parfois déconcertante. Qu'il fût un sang-mêlé, un mulâtre né au Congo belge, ne semblait avoir aucunement affecté sa vision optimiste du monde. Pourtant, sous cette apparence policée et cette constante bonne humeur se cachait un univers que personne dans son entourage immédiat, pas même la femme qu'il adorait, ni ses amis les plus intimes, ne pouvait soupçonner. Un mot de l'auteur ... Cher papa, Depuis quelque temps, je me pose une question, toujours la même et qui me tourmente. J'ai cru d'abord que j'aurais pu la garder pour moi et qu'elle se résorberait d'elle seule au fond de ma mémoire. Mais elle me donne maintenant des cauchemars. Une fois, tu m'as dis de t'ouvrir mon coeur si le doute m'assaillait. Je ne sais comment poser cette question et chaque fois que j'ai voulu t'approcher pour le faire, j'ai battu en retraite au dernier moment, convaincu que cela ne servirait à rien. Cependant, avec le temps, la question m'est devenue d'un poids insupportable, comme un boulet que je traîne, un boulet qui serait creux à l'intérieur. Comment expliquer ? Il me manque ce je ne sais quoi que je ne parviens pas à définir. Jusqu'à une période récente, je me disais que je devais m'estimer heureux d'aller à l'école avec des camarades européens et de vivre dans une aussi merveilleuse maison. Mais les autres, papa, ne me traitent pas comme un Européen et je n'en serai jamais un. Ne suis-je pas à moitié congolais ? Alors, pourquoi dois-je me sentir tellement étranger parmi les Noirs, à l'exception de Mama Malkia ? C'est sans doute ridicule, mais hier soir, j'ai demandé à Dieu dans mes prières d'opérer sur moi un miracle. Oui, papa, j'aurais souhaité être uniquement d'une race, et non un café-au-lait. Je me sens, corps et âme, si inadéquat, si inachevé. Ce ne sont peut-être pas les Afficher moins Afficher plus
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Sang mêlé ou Ton fils Léopold

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Présentation de l'éditeur Élisabethville, Congo belge, fin des années cinquante. Léopold Kitoko Wilson, le jeune métis, adopté par Harry Wilson «un Blanc» et Marna Malkia, la nourrice, africaine au coeur d'or et «forte gueule» forment une famille improbable et singulière. Roman à trois voix, «Sang mêlé» aborde avec délicatesse et réalisme l'univers colonial tel que le vivent les trois protagonistes. Il nous parle de la quête d'identité de Léo, pris entre deux mondes. Il nous parle aussi de l'homosexualité de Harry, cause de son exclusion du cercle des colons. Il nous parle de Marna Malkia, plus tout à fait africaine, mais noire aux yeux de tous. II nous parle aussi de la décolonisation et évoque de manière saisissante l'atmosphère du Congo belge à la veille de l'indépendance. Chacune de ces voix nous parle de la difficulté à vivre sa différence. Chacune de ces voix nous livre sa vision de l'époque coloniale dans un questionnement sans outrance mais sans compromis. Albert Russo est né au Zaïre, et a passé toute sa jeunesse sur le continent africain. Les ouvrages de cet auteur bilingue - le français et l'anglais sont ses deux langues maternelles - ont été traduits dans une douzaine de langues. Il a siégé au jury du prestigieux Neustadt International Prize for literature. Extrait 1966 DANS LA BANLIEUE DE BALTIMORE Léopold K. Wilson et sa jeune femme étaient proprié­taires d'un drugstore dans le centre du quartier commer­cial. C'est à l'université qu'il rencontra Isabelle, une rousse leste et tachetée de son, de trois ans son aînée. Malgré ses brillants résultats, Léopold hésitait à entreprendre une carrière de médecin, l'idée de passer encore six ans dans des amphithéâtres et des salles d'opération le rebutait. Mais, par devoir envers son père, le jeune homme s'était promis d'accomplir un premier cycle d'études et d'obtenir sa licence. Telle était son intention, jusqu'au jour où le chemin d'Isabelle croisa le sien. Silhouette élancée, traits évoquant ceux d'un jeune pharaon, il inspirait la confiance et le respect. De ses yeux sombres en amande émanait une grande douceur qui laissait place, lorsque les circonstances le dictaient, à une fermeté parfois déconcertante. Qu'il fût un sang-mêlé, un mulâtre né au Congo belge, ne semblait avoir aucunement affecté sa vision optimiste du monde. Pourtant, sous cette apparence policée et cette constante bonne humeur se cachait un univers que personne dans son entourage immédiat, pas même la femme qu'il adorait, ni ses amis les plus intimes, ne pouvait soupçonner. Un mot de l'auteur ... Cher papa, Depuis quelque temps, je me pose une question, toujours la même et qui me tourmente. J'ai cru d'abord que j'aurais pu la garder pour moi et qu'elle se résorberait d'elle seule au fond de ma mémoire. Mais elle me donne maintenant des cauchemars. Une fois, tu m'as dis de t'ouvrir mon coeur si le doute m'assaillait. Je ne sais comment poser cette question et chaque fois que j'ai voulu t'approcher pour le faire, j'ai battu en retraite au dernier moment, convaincu que cela ne servirait à rien. Cependant, avec le temps, la question m'est devenue d'un poids insupportable, comme un boulet que je traîne, un boulet qui serait creux à l'intérieur. Comment expliquer ? Il me manque ce je ne sais quoi que je ne parviens pas à définir. Jusqu'à une période récente, je me disais que je devais m'estimer heureux d'aller à l'école avec des camarades européens et de vivre dans une aussi merveilleuse maison. Mais les autres, papa, ne me traitent pas comme un Européen et je n'en serai jamais un. Ne suis-je pas à moitié congolais ? Alors, pourquoi dois-je me sentir tellement étranger parmi les Noirs, à l'exception de Mama Malkia ? C'est sans doute ridicule, mais hier soir, j'ai demandé à Dieu dans mes prières d'opérer sur moi un miracle. Oui, papa, j'aurais souhaité être uniquement d'une race, et non un café-au-lait. Je me sens, corps et âme, si inadéquat, si inachevé. Ce ne sont peut-être pas les Afficher moins Afficher plus
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