Nous sommes en 1839. Jeanne Jugan a quarante-sept ans quand elle amène chez elle la première vieille femme, malade et miséreuse. Puis une autre, une autre et encore une autre... Tout simplement poussées par l'ardeur de la foi et de la charité, par l'attention à la détresse des gens, elle et ses premières compagnes referont bientôt les mêmes gestes ailleurs. " Cela paraît une folie, mais si Dieu est avec nous, cela se fera. " Quand Jeanne Jugan mourra quarante ans plus tard, les Petites Soeurs des Pauvres, née de ces initiatives si spontanées, seront deux mille quatre cents, en France, Angleterre, Belgique, Ecosse, Espagne, Irlande, Etats-Unis, Algérie, Italie, Malte... Pourtant, par une stupéfiante mystification, la fondatrice et première Petite Soeur des Pauvres fut écartée de la mission à laquelle Dieu l'avait appelée. Cela fait partie de son itinéraire de pauvreté et de renoncement. " Tout attendre de Dieu... " pourrait être la devise de cette femme. Dans son coeur ouvert aux détresses on lit le reflet de la tendresse, de la miséricorde et de la compassion de Dieu ; dans ses mains vides, la richesse et la persévérance de son amour. Aujourd'hui, dans trente pays des cinq continents, Jeanne Jugan continue, à travers l'action de ses filles, cette oeuvre de Dieu : le service désintéressé des aînés de la famille humaine, la poursuite joyeuse d'une fraternité universelle. Le futur Jean XXIII disait en visitant la maison de fondation : " J'ai pu constater comment se font les oeuvres de Dieu. "