L'éloquence des larmes

Jean-Loup Charvet menait depuis des années une recherche sur le sens des larmes à l'époque baroque. Morceaux privilégiés de son répertoire, les lamentos de Bach, Purcell ou Dowland, les Leçons de ténèbres ou les airs de cour français étaient devenus chez lui les modes d'une esthétique singulière. Du Conservatoire national à l'Ecole de l'Opéra de Lyon, de l'Ecole française de Rome à la Villa Medicis, ce lecteur passionné de Simone Weil et de Pascal définissait sa recherche et sa pratique artistique comme une "extase méthodique". "Historien des larmes" - puisque l'ineffable cristallise en elles et cela, de façon très significative à l'époque baroque -, il dut accepter qu'elles lui échappent. De l'expérience intime qu'elle manifeste, la larme ne peut finalement rendre que la transparence, l'évanescence. Les "vraies larmes" sont sèches, nous apprennent les mystiques. Son du silence. Parfum. Marque ténue d'une impalpable incarnation.