«Ce livre raconte une rencontre, annoncée, tout au long de la vie, par divers signes énigmatiques. Le plus explicite m’est venu de mon professeur de troisième, Renée Guilloux. À ses élèves adolescentes elle recommandait chaleureusement la fréquentation d’une romancière anglaise, George Eliot, et de ses héroïnes. J’ai mis longtemps à transformer ce conseil en livre. Celui-ci n’est pas une biographie. Mais une promenade dans la forêt des romans, en compagnie d’une femme supérieurement intelligente, assez brave aussi pour affronter, dans la société victorienne, l’ostracisme social que lui vaut sa liberté de mœurs et d’esprit. En gardant, présente à la mémoire, celle qui avait emprunté des chemins parallèles : une George encore, Sand, à laquelle Eliot vouait une affection passionnée. Ce voyage buissonnier m’a réservé la surprise de retrouver les questions qui font toujours le vif de nos débats du jour : Que dit la morale dans un monde déserté par l’intervention divine ? Comment, entre appartenances et liberté, se construit une identité ? Et peut-on, quand on est une femme, à la fois revendiquer l’égalité et chérir la dissemblance ? Ce sont de grandes interrogations. La merveille est qu’en cheminant avec l’autre George, elles n’ont plus rien d’intimidant. Elles portent des noms, elles ont des visages. Elles font entendre des voix, et celles-ci, toutes discordantes qu’elles puissent être, aident à mieux déchiffrer la vie.» Mona Ozouf.Biographie de l'auteurNée en 1931, Mona Ozouf est philosophe, historienne et directrice de recherche au CNRS. Elle est l'autrice de nombreux ouvrages sur la Révolution française, la République et la littérature, notamment La fête révolutionnaire (1976), Les Mots des femmes (1995), Les aveux du roman (2001), Varennes (2005) et Composition française (2009). Son oeuvre est largement saluée par la critique et a été récompensée par le Grand Prix Gobert de l'Académie française (2004), le prix mondial de la Fondation Simone et Cino Del Duca (2007), le prix de la Bibliothèque nationale de France (2014) et le prix de la Langue française (2015).
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