L'art d'édifier

« Il n'est aucun écrit, si inaccessible soit-il, aucune discipline, si ardue soit-elle, que cet homme ait ignorés », écrit Politien en 1485. Effectivement, Leon Battista Alberti (1404-1472) fut un des fondateurs de la Renaissance sous tous ses aspects, en même temps que de la modernité. Parmi ses ouvrages techniques figurent la première théorie de la perspective, et de nombreux opuscules concernant les mathématiques appliquées, liées à son oeuvre novatrice d'architecte et d'ingénieur, et dont se nourrirent Léonard de Vinci et Bramante. Le De re aedificatoria que nous publions enfin est le premier traité d'architecture occidental et sûrement le plus magistral. Il confère à l'architecture son nouveau statut d'art libre et libéral. Davantage, non seulement il élabore une théorie générative de l'architecture unique en son genre, mais il s'interroge sur le sens de cette discipline, pour la situer au coeur d'une anthropologie, ce qui en fait aujourd'hui un observatoire privilégié d'où éclairer, étudier et reformuler les interrogations actuelles des architectes. Publié en 1485, après la mort de son auteur, le De re aedificatoria a été traduit du latin dans toutes les langues européennes ; la seule traduction française existante date de 1553.Biographie de l'auteurPierre Caye, philosophe, chercheur au CNRS, travaille sur Vitruve et le vitruvianisme à l'âge humaniste et classique. Il a publié Le Savoir de Palladio (Klincksieck, 1995). Françoise Choay, professeur émérite des universités, est historienne des théories et des formes urbaines et architecturales. Elle est l'auteur de nombreux travaux sur Alberti, dont La Règle et le Modèle (Seuil, 1980, 1996).